Berlin

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Histoire

Origines La présence humaine dans la région de Berlin remonte à 60 000 av. J.-C., avec des silex taillés et des outils en os retrouvés lors de fouilles. À cette époque, la région était couverte par les glaciers de la glaciation vistulienne. Vers -16 000, le site de Berlin était une moraine libre de glaces, traversée par la rivière Spree. Avec le retrait des glaces, la faune évolua et les chasseurs se sédentarisèrent. Au IXe millénaire av. J.-C., des chasseurs-pêcheurs s'établirent le long de la Spree. La culture de la céramique cordée apparut au IIIe millénaire av. J.-C., marquant le début de l'agriculture et de l'élevage. Au VIe siècle av. J.-C., des tribus germaniques, les Semnons, s'installèrent dans la région. Entre le IVe et le Ve siècle de notre ère, les Semnons quittèrent la région, remplacés par des peuples slaves au VIe siècle. En 1157, Albrecht l’Ours vainquit le prince slave Jaxa de Copnic, fondant la marche de Brandebourg et initiant la germanisation et la christianisation des Slaves. La construction des premiers quartiers de Berlin coïncida avec la fondation du margraviat de la maison d'Ascanie à Teltow. La colonisation fut marquée par l'intégration de l'aristocratie slave et la collaboration avec les moines cisterciens du monastère de Lehnin. Le quartier de Zehlendorf et le village de Slatdorp faisaient partie du domaine ecclésiastique de Lehnin. Fondation de Berlin Entre les plateaux de Teltow et de Barnim, les berges asséchées d'un gué marécageux furent colonisées. Des faubourgs comme Spandau (1197), Köpenick (1209), Cölln (1237) et Berlin (1244) sont mentionnés dès le XIIe siècle. Berlin et Cölln fusionnèrent en 1307, devenant une ville unifiée grâce aux privilèges accordés par les margraves Othon III et Jean Ier de Brandebourg. En 1323, Louis V de Bavière devint margrave de Brandebourg, mais son règne fut marqué par des tensions avec la population. En 1325, les bourgeois de Berlin et Cölln tuèrent le prévôt Nicolas von Bernau, entraînant l'excommunication de Berlin. En 1380, un incendie détruisit la ville. En 1415, Frédéric Ier de Hohenzollern devint prince-électeur de Brandebourg. Les Hohenzollern régnèrent sur Berlin jusqu'en 1918. En 1448, les Berlinois se soulevèrent contre la construction du château de Frédéric II, mais perdirent leurs libertés politiques et économiques. En 1451, Berlin devint le siège des margraves, renonçant à son statut de ville libre de la Hanse. La population de Berlin augmenta rapidement, atteignant 12 000 habitants vers 1600. En 1510, 100 Juifs furent accusés de profanation et expulsés. Joachim II imposa la Réforme protestante en 1539 et utilisa les biens ecclésiastiques pour financer des projets comme le Kurfürstendamm. La guerre de Trente Ans (1618-1648) dévasta Berlin, réduisant sa population de 13 000 à 4 000 habitants. Frédéric-Guillaume, le Grand Électeur, encouragea l'immigration et la tolérance religieuse, accueillant des Juifs autrichiens en 1671 et des huguenots français en 1685. Vers 1700, 20 % de la population berlinoise était d'origine française, influençant considérablement la culture de la ville. Le royaume de Prusse En récompense de son ralliement à la cause autrichienne, Frédéric III devint roi en Prusse en 1701. Il fit construire le château de Charlottenburg et regroupa les cinq villes de Berlin en une seule capitale en 1710. Son fils, Frédéric-Guillaume Ier, fit de la Prusse une puissance militaire, augmentant la population de Berlin à 100 000 habitants en 1755. Frédéric II, le roi-philosophe, fit de Berlin un centre des Lumières, mais la ville subit les guerres de Silésie. En 1760, Berlin fut occupée par les armées russes et autrichiennes. Son successeur, Frédéric-Guillaume II, opposa les Lumières et reconstruisit les remparts de la ville, incluant la porte de Brandebourg. En 1806, Napoléon entra triomphalement à Berlin, initiant des réformes libérales. L'université de Berlin ouvrit en 1810. La révolution industrielle fit passer la population de Berlin de 200 000 à 400 000 habitants. La première ligne de chemin de fer de Prusse, la Berlin-Potsdamer Eisenbahn, entra en service en 1838. Berlin fut le théâtre des émeutes de 1848, réprimées par Frédéric-Guillaume IV. Guillaume Ier accéda au trône en 1861, nommant des ministres libéraux et étendant l'agglomération de Berlin. Entre 1860 et 1870, la population passa de 493 000 à 826 000 habitants, créant une crise du logement. Les limites de la ville furent repoussées pour englober de nouveaux quartiers comme Moabit, Gesundbrunnen, Wedding et une partie de Tempelhof et Schöneberg. Capitale de l'Empire allemand Après la guerre de 1870, les États d'Allemagne du Nord se fédérèrent sous l'égide de la Prusse, proclamant l'Empire allemand en 1871 avec Berlin comme capitale. À cette époque, Berlin était une cité industrielle de 800 000 habitants, mais ses infrastructures étaient insuffisantes. La construction du réseau d'égout commença en 1873 et fut achevée en 1893. Le palais du Reichstag, dont la construction débuta en 1884, fut inauguré en 1894. Le réseau ferroviaire national et régional fut réorganisé, avec l'ouverture du Ringbahn en 1871 et 1877, et du Stadtbahn en 1882. La construction du métro de Berlin (U-Bahn) et des lignes de train de banlieue (S-Bahn) fut décidée en 1896. Berlin se développa rapidement, avec la création de logements sociaux dans les quartiers centraux et de nouveaux quartiers bourgeois à l'ouest. Le premier aérodrome d'Allemagne ouvrit en 1909 à Johannisthal. En 1920, la communauté urbaine du "Grand Berlin" fut créée pour coordonner le développement des services. La Première Guerre mondiale provoqua la famine à Berlin, avec 150 000 personnes souffrant de faim en 1916-17. Après l'armistice de 1918, l'empereur Guillaume II abdiqua et Berlin devint le théâtre de multiples émeutes de rues opposant spartakistes et corps francs, qui s'achevèrent par l'écrasement du soulèvement spartakiste. La république de Weimar Le Parti communiste d'Allemagne (KPD) fut fondé à Berlin en décembre 1918 et tenta de mettre en place un pouvoir des conseils ouvriers en janvier 1919, mais échoua. En mars 1920, le Parti des Patriotes allemands tenta de renverser le gouvernement, mais une grève générale mit fin au coup d'État. Le Grand Berlin fut créé en 1920, agrandissant la ville par l'annexion de plusieurs villes et communes avoisinantes, atteignant une population de 3,8 millions d'habitants. En 1922, l'assassinat du ministre des Affaires étrangères Walther Rathenau choqua la ville. La situation économique était catastrophique après le traité de Versailles, conduisant à une hyperinflation. La situation s'améliora à partir de 1924, marquant le début des Années folles à Berlin, une période de prospérité et de développement culturel. Berlin devint un grand centre culturel en Europe, avec des personnalités comme Walter Gropius, Albert Einstein, Marlene Dietrich et Fritz Lang. L'aéroport de Tempelhof fut inauguré en 1924, et Berlin devint le second plus grand port fluvial d'Allemagne. Les lignes ferroviaires furent fédérées sous le nom de S-Bahn en 1930. La crise économique de 1929 mit fin à cette période de prospérité, et le Parti nazi d'Adolf Hitler remporta ses premiers sièges au parlement. En 1932, le gouvernement régional prussien fut déposé lors d'un coup d'État, marquant le début de la fin de la république de Weimar. Le Troisième Reich Après avoir remporté les élections législatives, Hitler fut nommé chancelier par le président von Hindenburg le 30 janvier 1933. Le Reichstag fut incendié le 27 février 1933, et le nouveau gouvernement nazi suspendit les institutions démocratiques de la république de Weimar. En 1933, Berlin comptait environ 160 000 Juifs, soit un tiers des Juifs d'Allemagne. Ils furent rapidement ciblés par le régime nazi, perdant leurs emplois et subissant des boycotts. Les Jeux olympiques de 1936 furent utilisés par les nazis pour masquer temporairement les discriminations anti-juives. La nuit de Cristal en novembre 1938 marqua une intensification des persécutions. En 1941, les déportations vers les camps de concentration commencèrent, culminant avec la conférence de Wannsee en 1942, qui organisa la "Solution finale". Pendant la Seconde Guerre mondiale, Berlin devint une cible des bombardements alliés. La bataille de Berlin en 1945 causa des destructions massives, réduisant la population de 4,3 à 2,8 millions d'habitants. Malgré cela, Berlin ne fut pas la ville la plus détruite d'Allemagne, grâce à sa faible densité et ses nombreux espaces verts. À la conférence de Yalta en février 1945, les Alliés décidèrent de diviser Berlin en quatre zones d'occupation. Les premières élections municipales en 1946 virent la victoire du SPD. Cependant, les tensions entre les Alliés et l'Union soviétique menèrent au blocus de Berlin en 1948. En réponse, les secteurs ouest formèrent la Trizone, qui devint la RFA en 1949. Un scrutin municipal en décembre 1948 désigna Ernst Reuter comme maire de Berlin-Ouest, tandis que Friedrich Ebert junior fut nommé maire de Berlin-Est par les autorités soviétiques. Berlin se retrouva ainsi divisée en deux entités politiques et administratives distinctes : Berlin-Ouest et Berlin-Est. Berlin et la fondation des deux Allemagnes La loi constitutionnelle du 23 mai 1949 créa la République fédérale d’Allemagne (RFA) à partir des zones d'occupation américaine, britannique et française, faisant de Berlin un Land fédéral. Le 7 octobre, une loi similaire créa la République démocratique allemande (RDA), revendiquant également Berlin comme capitale. Les deux États revendiquaient Berlin en totalité, sans jamais exercer leur autorité sur toute l'agglomération avant le 3 octobre 1990. En 1950, la constitution fut appliquée à Berlin-Ouest, mais les forces occupantes en retardèrent l'application. Les premières élections législatives eurent lieu à Berlin-Ouest le 3 décembre 1950. En juin 1953, des émeutes éclatèrent en RDA suite à l'augmentation des cadences de travail et des prix. Le 16 juin, des ouvriers manifestèrent à Berlin-Est, rejoints par des Berlinois de l'Ouest. Le mouvement se propagea en RDA, entraînant des arrêts de travail et des manifestations. Le 17 juin, le gouvernement est-allemand demanda l'intervention des troupes soviétiques. La répression fit au moins 153 victimes et plusieurs milliers d'arrestations. Le gouvernement de la RDA qualifia le soulèvement de « contre-révolutionnaire » et en attribua la responsabilité aux autorités d'occupation de l'Ouest. Le gouvernement revint sur les mesures impopulaires et mit en place une milice fidèle au régime pour éviter de recourir à l'armée soviétique. Walter Ulbricht resta au pouvoir, tandis que Lavrenti Beria fut écarté. À Berlin-Ouest, une rue fut baptisée « rue du 17 juin » et cette date devint le jour de la « réunification allemande ». La construction du Mur À l'automne 1958, des responsables soviétiques remirent en cause le statut international de Berlin. Nikita Khrouchtchev exigea la démilitarisation de Berlin et proposa un gouvernement indépendant. En août 1961, face à l'exode vers l'Ouest, les autorités est-allemandes, avec l'aval des Soviétiques, décidèrent de construire le mur de Berlin, séparant physiquement Berlin-Est et Berlin-Ouest. Jusqu'à la chute du Mur en 1989, Berlin-Est devint la vitrine de la RDA, tandis que Berlin-Ouest, subventionnée par la RFA, attirait de nombreux artistes. Berlin-Ouest se restructura autour du Kurfürstendamm, tandis que Berlin-Est érigeait l'Alexanderplatz en nouveau centre-ville. Les deux moitiés de la ville développèrent leurs propres infrastructures, comme l'université libre de Berlin à l'ouest et la reconstruction de quartiers à l'est. Chute du Mur et réunification allemande L'Ourson berlinois, mascotte de Berlin depuis 2001, symbolise la tolérance et la paix. En octobre 1989, lors des festivités du 40e anniversaire de la RDA, Mikhaïl Gorbatchev annonça qu'il ne soutiendrait plus la répression en RDA. Le 9 novembre, les gardes-frontière de la Bornholmer Strasse, croyant à une ouverture des frontières, laissèrent passer la foule. Les Berlinois célébrèrent en grimpant sur le Mur de Berlin, qui fut ensuite démantelé par des habitants, appelés Mauerspechte. Les maires de Berlin-Est et Ouest, Tino Schwierzina et Walter Momper, collaborèrent pour préparer la réunification. Le 3 octobre 1990, l'Allemagne fut réunifiée, et Berlin devint la capitale fédérale en 1991. Le Bundestag s'établit à Berlin en 1999, suivi par le Bundesrat en 2000. Cependant, le référendum de 1996 pour l'intégration de Berlin au Brandebourg fut repoussé par les électeurs du Brandebourg. Depuis la réunification, Berlin a fait face à des défis financiers, notamment après le scandale de la Société bancaire de Berlin en 1997. La ville plaide pour une aide financière supplémentaire pour réduire sa dette. En 2001, Klaus Wowereit devint maire après un vote de désaveu contre Eberhard Diepgen. La réélection de la chambre des députés en octobre 2001 conduisit à un gouvernement d'union de la gauche. Depuis 1989, Berlin a restauré de nombreux monuments endommagés pendant la guerre, surtout à Berlin-Est. La ville a conservé son patrimoine historique, et son visage actuel a moins changé par rapport à l'avant-guerre que d'autres villes allemandes.